« La notion de chômage ne fait son apparition que très tardivement dans le débat économique. En effet, il faut attendre le début du XXe siècle, pour qu’une véritable réflexion théorique s’organise autour de ce problème. La raison peut sembler cruelle, elle a cependant le mérite d’être simple : tant que la mort fait partie intégrante de la vie, la notion de chômage n’a aucune raison d’exister. En termes freudiens, l’on dirait qu’il faut attendre que les civilisations refoulent la mort, pour voir émerger la notion de chômage. Or, dans la pensée classique, rien de tel. Le raisonnement des économistes classiques ne laisse subsister aucune ambiguïté à cet égard. (...) D’ailleurs, le révérend T. R. Malthus ne mâche pas ses mots lorsque, dans la préface à la première édition de son célèbre Essai sur le principe de population, il déclare : “Un homme qui est né dans un monde déjà possédé, s’il ne peut obtenir de ses parents la subsistance qu’il peut justement lui demander, et si la société n’a pas besoin de son travail, n’a aucun droit de réclamer la plus petite portion de nourriture et, en fait, il est de trop au banquet de la nature ; il n’a pas de couvert vacant pour lui. Elle lui recommande de s’en aller et elle mettra elle-même promptement ses ordres à exécution.” » (Ch. Bormans, Échange et travail).