« Le coup de couteau porté à la femme en arrière-plan, alors que Zazie vient d’échouer une nouvelle fois devant la grille du métro s’interprète de la suivante : Zazie comprend que l’homme est doté d’un pénis (le métro auquel elle n’a pas accès) et que la femme, à cet égard, est “poignardée dans le dos”, autrement dit Zazie est déçue de ne pas avoir le pénis convoité.
Zazie n’a pas accès au métro, elle est frustrée et pleure. Le satyre vient la consoler avec un mouchoir, certes, mais plié en forme de lapin. C’est-à-dire qu’il lui propose de la faire rire en faisant apparaître et disparaître le lapin, l’oiseau, etc., c’est-à-dire le phallus en tant qu’il n’est jamais là où on croit le trouver. D’imaginaire (de l’autre côté de la grille), il en devient symbolique : “il est passé par-ici”, “il repassera par-là”.
Le comique du phallus se met en place : Zazie rit, mais ne s’y laisse pas prendre. Elle traite Trouscaillon de vieux salaud et, de ne pas l’avoir, elle semble immédiatement comprendre qu’elle peut l’être. C’est elle qui désormais se met à courir, et tel “le furet du bois mesdames”, à passer par ici et repasser par-là. On entre alors de plain-pied dans le burlesque : les scènes se succèdent et le Satyre court après Zazie, tentant désespérément de la rattraper. Lui qui était sensé l’avoir, court après celle qui, désormais, semble l’être. C’est là toute la dialectique du burlesque.
Observons ici que si Zazie est bien, dans le conscient, le diminutif d’Isabelle, de Zaza ou de quel qu’autre prénom, dans l’inconscient, il est bien le diminutif par excellence : c’est-à-dire l’équivalent du “petit bout”, du fameux “zizi”. D’être déçue de ne pas l’avoir, elle s’y identifie au plein sens du terme.
Zazie semble alors déployer tout son exhibitionnisme antérieur de petite fille pour faire tourner sa jupe sous couvert de vouloir une paire de pantalon (blue-jeans). Bref, elle se “dé-robe”. Femme-enfant, Lolita, cette “girl=phallus” fait tourner la tête au satyre. Au final, c’est bien lui qui est volé, dépouillé de l’attribut qu’il comptait exhiber, tel le bon vieil arroseur-arrosé des burlesques master-clowns américains » (Christophe Bormans, Zazie dans le métro : différence des sexes, Zizi et Queue-no).